Ce film fantastique japonais avec Masato Sakai s’inspire du folklore local et a cartonné au box office japonais.

Gros succès du box-office japonais, Destiny: The Tale of Kamakura était présenté au Festival du cinéma japonais contemporain Kinotayo 2019. Soutenu par des effets spéciaux épatants, Destiny: The Tale of Kamakura est un film original, drôle et enchanteur aux différents niveaux de lecture, qui doit son charme aussi bien à son univers insolite imprégné de folklore japonais, qu’à l’adorable duo d’acteurs formé par Masato Sakai et Mitsuki Takahata.


Synopsis : Après avoir épousé l’écrivain à succès Masakazu Isshiki, auteur de romans à mystères, la jeune Akiko emménage avec lui dans une ancienne demeure familiale située à Kamakura. Elle réalise bientôt que la ville est peuplée d’esprits, de yôkais et autres créatures surnaturelles. Parviendra-t-elle à s’adapter à ce monde étrange ?

Nous avons eu le plaisir de découvrir Destiny: The Tale of Kamakura au festival Kinotayo 2019. La projection était précédée d’une interview vidéo de Takashi Yamazaki (Always: Sunset on Third Street, Parasyte), réalisateur et scénariste du film. Ce dernier nous a ainsi révélé ce qui l’avait séduit dans l’univers du manga Kamakura Monogatari de Ryohei Saigan, auteur dont il a déjà adapté d’autres œuvres.


Destiny: The Tale of Kamakura met en scène Akiko (Mitsuki Takahata) et Masakazu (Masato Sakai), un couple de jeunes mariés avec une forte différence d’âge. L’histoire semble se dérouler dans la première partie du XXe siècle, si l’on en croit les tenues vestimentaires et la vision désuète du mariage, mais cette donnée n’est pas aussi essentielle qu’elle en a l’air.

A la manière de la saga Harry Potter, le film nous fait vite oublier les règles du monde « normal » pour nous inviter à adopter un autre référentiel intégrant la présence du surnaturel et la communication avec l’au-delà.

Le basculement a lieu au cours d’une scène surréaliste, dans laquelle le jeune couple visite un marché peuplé de créatures en tous genres, mélange baroque aux accents animaliers renvoyant à l’univers fantasque du Voyage de Chihiro de Miyazaki.

Non seulement l’équipe des effets spéciaux semble s’être fait plaisir en créant les designs les plus fous pour ce bestiaire, mais le mélange entre les maquillages et le digital s’intègre admirablement dans les décors réels. Le film bénéficie d’ailleurs d’une photographie élégante réalisée par Kozo Shibasaki.


Si les manifestations du fantastique sont nombreuses autour du couple Isshiki (parfois en arrière-plan ou dans un coin de l’écran), Destiny: The Tale of Kamakura raconte aussi une histoire d’amour, celle de deux époux qui doivent apprendre à vivre ensemble.

Le film se met au rythme d’Akiko et Masakazu en mettant en scène leur quotidien. Nous partageons leurs repas, leurs élans de tendresse ou leurs chamailleries, ce qui crée une intimité avec les deux personnages, qui vivent chacun à leur manière une révolution personnelle.

La vie commune n’est pas aussi idyllique que prévu. Non seulement les époux peinent parfois à communiquer, mais l’écrivain s’accroche à son univers personnel (fait de petits trains électriques, entre autres) et se montre réticent à voir son épouse y pénétrer, laissant parfois cette dernière un peu à l’abandon.

La découverte de Kamakura et de ses secrets, puis celle de l’au-delà de ce monde par Masakazu, apparaît comme une manière de parler de l’adaptation à la vie de couple, de la découverte de l’univers de l’autre et de la capacité à inviter l’autre dans son propre univers.


Les acteurs sont absolument délicieux. Toujours très expressif, Masato Sakai (Legal High, Hanzawa Naoki) excelle dans le registre de l’écrivain rêveur découvrant l’intensité de ses propres sentiments. Il entretient une belle alchimie avec Mitsuki Takahata (Overprotected Kahoko), dont les regards candides et la voix enfantine participent énormément au charme du film.

Destiny: The Tale of Kamakura développe aussi une galerie de personnages secondaires hauts en couleur à travers une succession de sous-intrigues un peu folles impliquant humains et créatures.

Parmi les personnages secondaires, dont le côté monstrueux est souvent source de rigolade, on n’est pas prêt d’oublier l’ami humain transformé en grenouille géante, la mort au look androgyne en charge du quartier, les inspecteurs moitié kappa ou renard, ou encore le dieu de la poisse !

Le récit prend parfois le risque de s’égarer dans une profusion de sous-intrigues et d’enjeux autour des personnages secondaires, mais il trouve une conclusion particulièrement spectaculaire dans son dernier acte.

Fourmillant d’idées visuelles, ce dernier ouvre encore plus grand les horizons de ce monde fantastique, pour nous entraîner dans un combat épique et démesuré, dans lequel l’amour doit triompher de la mort.

Destiny: The Tale of Kamakura réussit ce que les films hollywoodiens ne parviennent plus à faire depuis des années : utiliser la fantaisie et le divertissement pour parler de sentiments adultes et raconter ainsi, avec une véritable intelligence narrative, une histoire riche en émotions.

Elodie Leroy

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