Ce film de zombies japonais n’est pas exactement ce que vous croyez et mérite franchement le détour pour son inventivité folle.

Phénomène du box-office japonais, Ne Coupez Pas ! de Shinichiro Ueda fait partie de la programmation du Festival du cinéma japonais contemporain Kinotayo 2019. Loin de se résumer à une parodie de film d’horreur, Ne Coupez Pas ! nous a arraché fou rire sur fou rire et nous a épatées par son scénario et sa mise en scène, qui relèvent du coup de génie.

Le film Ne Coupez Pas!

Synopsis : Une équipe de film décide de tourner un film de zombies dans un entrepôt désaffecté. Le défi est de taille : d’une durée de trente minutes, le film doit être réalisé en un seul plan-séquence ! Alors que les acteurs enchaînent les prises ratées, de véritables zombies font leur entrée en scène…

Le parcours du film Ne Coupez Pas ! a de quoi faire rêver n’importe quel jeune réalisateur. Tourné avec un budget d’environ 27 000 euros, Ne Coupez Pas ! (aka One Cut of the Dead) est un film d’étudiants en cinéma dont la première sortie a eu lieu en novembre 2017 dans une petite salle d’art et d’essai de Tokyo.

Grâce au bouche-à-oreille, le film a attiré l’attention d’une société de production, Asmik Ace Entertainment Inc., qui lui a permis de sortir dans 300 salles sur tout le territoire japonais, avant d’être propulsé à l’international par le biais des festivals.

Ne Coupez Pas ! était projeté au Festival Kinotayo 2019 juste après la cérémonie d’ouverture, qui s’est déroulée le 17 janvier 2019 à la Maison de la Culture du Japon à Paris (MCJP) et à laquelle nous avons eu la chance d’assister.


Si vous craignez de voir une énième parodie de film d’horreur, Ne Coupez Pas ! risque de vous prendre par surprise.

La première partie nous immerge dans un entrepôt abandonné depuis la Seconde Guerre Mondiale, sur le tournage d’un film d’horreur à petit budget. L’équipe travaille dans une ambiance délétère : le réalisateur est à moitié fou, les techniciens paraissent peu convaincus et l’actrice principale vient de rater sa 42e prise…

L’action commence, ou presque, lorsqu’un authentique zombie sorti de nulle part s’attaque à un technicien, provoquant la panique chez les acteurs et le staff…

A grand renfort d’hémoglobine et de maquillages, les scènes gore s’enchaînent généreusement à l’écran, mêlant les vrais et les faux zombies, avant que la caméra ne prenne en chasse l’actrice principale dans sa course folle pour échapper aux monstres sanguinaires.


Tournée en plan-séquence à la manière d’un reportage, cette première partie de trente minutes relève de la prouesse technique, mais ressemble tout de même à un beau nanar, avec son scénario grotesque et ses acteurs au jeu inégal.

Lorsque survient prématurément le générique de fin au bout d’une demi-heure, le spectateur comprend qu’il lui faudra regarder l’heure qui suit pour comprendre exactement le sens de ce qu’il a vu.

La suite nous emmène un mois plus tôt, au moment de la genèse du projet. C’est là que l’action commence véritablement et que le film révèle ses intentions, jusqu’à la dernière demi-heure complètement dingue, dans laquelle la mise en scène dévoile tout son génie.


Afin de ne pas gâcher le plaisir de la découverte à nos lecteurs, je n’en dirais pas trop sur les ressorts de cette dernière demi-heure, si ce n’est que les personnages sont sur le fil du rasoir et que l’enchainement épique des situations fait à la fois monter l’adrénaline et l’hilarité chez le spectateur.

On pourrait comparer la construction de Ne Coupez Pas ! à un système de poupées russes. Le principe du film dans le film est exploité à différents niveaux, jusque dans la fiction que tournent les personnages. On reste bluffé par la complexité que représentent la conception et la mise au point d’un tel film, et finalement par l’audace de l’entreprise.


Entre satire du monde du cinéma (et de la télévision !) et hommage vibrant aux films d’horreur à petits budgets, Ne Coupez Pas ! nous fait vivre à un rythme effréné une succession de situations de tournage toutes plus drôles et chaotiques les unes que les autres.

Le film ne prend pas pour autant de haut le travail de ces réalisateurs et techniciens qui rivalisent de créativité pour pallier le manque de budget. Au passage, à l’heure où le digital envahit les blockbusters, quel plaisir de revoir des effets spéciaux et des maquillages traditionnels !

Quant aux acteurs, la surprise est que le jeu inégal de certains relevé dans la première demi-heure faisait partie intégrante du film. Ils sont tous absolument excellents, de Takayuki Higurashi en réalisateur dont les nerfs sont mis à rude épreuve, à Harumi Syuhama dans le rôle de son épouse incontrôlable, en passant par les interprètes des techniciens tous plus ou moins barjos qui forment l’équipe (mention à Manabu Hosoi en directeur photo poivrot).


Ne Coupez Pas ! est le film idéal pour une projection de festival : l’ambiance de la salle a vite tourné au fou rire collectif et nous avons bien profité du film !

Une seconde projection de Ne Coupez Pas ! a eu lieu le 19 janvier à la MCJP, mais si vous êtes en région parisienne, il vous reste deux opportunités de le voir dans le cadre du festival Kinotayo 2019: le 25 janvier à 15h à la MCJP et le 1er février à 21h40 au Club de l’Étoile.

[UPDATE 27/01/19] Ne Coupez Pas ! sortira en France le 27 mars 2019 chez Les Films de Tokyo. Vous pouvez aussi le voir en avant-première à Paris, Lyon, Chambéry et à Pau. La liste des séances se trouve sur le site Necoupezpas.com.

Elodie Leroy

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