Jet Li et Morgan Freeman partagent l’affiche d’un film d’action touchant produit par Luc Besson.

Réalisé par Louis Leterrier, Danny The Dog est la second collaboration de Jet Li avec le second Luc Besson. J’attendais beaucoup de ce film, puisque j’avais eu la chance, grâce à des connections, de faire plusieurs visites sur le tournage des scènes d’action dirigées par le chorégraphes d’arts martiaux Yuen Woo Ping. Le film a quelque peu tardé à sortir, mais l’attente en valait la peine.


Après un parcours décevant à Hollywood, clôt dernièrement par le catastrophique En Sursis, Jet Li revient sur les écrans français avec Danny The Dog, seconde collaboration avec le producteur Luc Besson après le sympathique Le Baiser Mortel du Dragon. Cette fois c’est Louis Leterrier, réalisateur du Transporteur, qui est aux commandes.

Si le précédent opus du jeune réalisateur ne brillait pas par sa subtilité, il signe avec Danny the Dog un film non seulement original mais aussi étonnamment touchant, en plus de nous faire découvrir la star chinoise sous un autre jour.

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Danny The Dog fait le pari risqué de jouer la carte du drame dans un film d’action, tout en partant sur un postulat de départ qui a de quoi surprendre : Jet Li, connu dans son pays natal pour des rôles de héros mythiques, interprète ici Danny, un homme coupé du monde et élevé comme un chien !

Jet Li et Morgan Freeman

Dès l’ouverture, l’idée est pleinement assumée puisque Bart, brillamment interprété par Bob Hoskins, retire le collier de Danny et lui donne l’ordre de se battre en prononçant le mot « attaque ! ». Dès lors, son esclave passe d’un état de quasi autisme à celui d’une rage qui semble incontrôlable, ce qui donne lieu à une première scène d’action d’une violence rarement vue ces dernières années dans une production destinée à un large public.

Ce premier combat annonce la couleur : dans Danny The Dog, pas question de planer avec des acteurs câblés et filmés au ralenti. Mis à part l’emploi de quelques effets de changement de vitesse, le directeur d’action Yuen Woo Ping (Il était une fois en Chine, Matrix, Tigre et Dragon) signe des chorégraphies impressionnantes et nous offre des combats brutaux où Jet Li déploie une fureur qu’on ne lui connaissait plus depuis longtemps – il faut remonter jusqu’à 1988 avec Born To Defend pour le voir se mettre dans un état comparable.

Le résultat est non seulement étonnant de rapidité mais aussi d’une fluidité qui rappelle les meilleurs moments du cinéma d’arts martiaux chinois : finies les coupures intempestives après chaque mouvement comme c’est trop souvent le cas dans les productions occidentales intégrant des arts martiaux, le montage est ici efficace et percutant mais laisse l’opportunité aux combattants d’enchaîner jusqu’à dix mouvements sur un même plan, ce qui devrait ravir les amateurs du genre.

Mais Danny The Dog est aussi une aventure humaine, l’histoire d’un homme reclus qui va redécouvrir des sentiments enfouis depuis des années. Sans rentrer dans des subtilités freudiennes, le personnage est traité avec force et émotion du début à la fin, et la violence des combats trouve son sens en contrastant avec la chaleur humaine dégagée par les scènes réunissant Danny et le duo formé par Sam (Morgan Freeman) et Victoria (Kerry Condon). Grâce à eux, Danny va enfin découvrir le monde.

Le changement dans l’univers affectif de Danny se reflète visuellement dans le film puisque l’image, précédemment dominée par des tons froids, glisse peu à peu vers des tons chauds, cependant que la réalisation adopte un style tout en sobriété et en douceur, s’opposant de façon saisissante au découpage serré des scènes d’action, afin de mettre l’accent sur la découverte des sens à travers les choses les plus élémentaires de la vie.

Plus connu pour ses qualités d’artiste martial, Jet Li nous montre ici une facette inattendue de son jeu et son interprétation est sans doute l’une des meilleures surprises du film. Surprenant par ses expressions enfantines, fort bien exploitées dans le film, l’icône martiale se révèle extraordinairement attachant dans son portrait d’égaré constamment tiraillé entre deux extrêmes, capable de dégager une innocence désarmante comme de se déchaîner dans la violence la plus destructrice.

L’alchimie entre Jet Li et ses deux partenaires est d’ailleurs parfaite : Morgan Freeman, formidable dans son rôle de musicien tranquille qui prend Danny sous son aile comme un père, et Kerry Condon en jeune fille fraîche et malicieuse apportent tous deux une générosité grâce à laquelle l’évolution du personnage de Danny reste crédible jusqu’au bout.

A la fois touchant et surprenant, Danny The Dog s’impose à plus d’un titre comme une pièce atypique dans le paysage cinéma d’action actuel. Si l’on ajoute à cela la magnifique bande-son signée Massive Attack et qui renforce à la fois le rythme et l’ambiance intimiste du film, Danny The Dog marque le grand retour de Jet Li à l’écran aussi bien en tant qu’acteur et artiste martial – de quoi faire oublier son récent parcours à Hollywood.

Elodie Leroy

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